Les victimes de viols : le parcours du combattant

16 septembre 2019

Les victimes de viol se sentent toujours coupables.

Le rôle de l’avocat est, bien entendu, d’apporter un éclairage juridique mais aussi de soutenir jusqu’à la fin de la procédure.

Un dossier illustre particulièrement cette situation : une angevine a porté plainte contre un individu dont elle dénonce la manipulation, lui permettant d’obtenir un acte sexuel : « Je suis sûre d’avoir été victime d’un viol. Et aujourd’hui, je dois prouver que je n’étais pas consentante. La parole d’une femme ne suffit pas. Je dois passer devant des psychologues, des psychiatres, qui doivent vérifier, entre autres, que je n’affabule pas. Cet homme contre qui j’ai porté plainte, qui a été retrouvé, arrêté, qui a reconnu les faits, puisque c’est sa façon de procéder pour attirer les femmes, a été remis en liberté. Non, il n’y a pas eu de violence physique. Non il ne m’a pas frappée. Non, il ne m’a pas menacée avec une  arme. Mais oui, après 2 heures de manipulation, il est arrivé à ses fins, à ce qu’il voulait dès le premier contact. Depuis que j’ai dénoncé ces faits, je me heurte à l’incompréhension et la suspicion de certaines personnes persuadées qu’il suffit simplement de crier, de se débattre, de partir tout simplement. Moi aussi je le croyais avant. »

Ces propos recueillis par un journaliste illustrent les difficultés rencontrées par les victimes.

Cette cliente est venue me voir après avoir déposé plainte au commissariat de police. Cette plainte a été (comme c’est trop souvent le cas) classée sans suite.

Nous avons donc déposé une plainte avec constitution de partie civile afin de saisir un Juge d’Instruction.

Cette possibilité offerte aux victimes, avec l’aide de leur avocat, leur permet de participer activement à l’instruction en demandant des expertises, des auditions de témoins ou bien encore une confrontation.

C’est un travail important et long, souvent mal vécu par la partie civile car cela l’oblige à « replonger » dans le dossier à intervalles réguliers.

Dans ce type de dossier, notre cabinet est actif au cours de l’instruction et sollicite beaucoup le Juge afin que rien ne soit négligé ou omis.

Le rôle de soutien de l’avocat est donc primordial dans ce type de dossier, car beaucoup de victimes sont découragées et subissent des pressions.

Après ce parcours du combattant, l’auteur a été reconnu coupable et a fait appel. La Cour d’Appel d’ANGERS a confirmé sa culpabilité et a alourdi sa peine.

Isabelle OGER-OMBREDANE
Spécialiste en droit pénal